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 Viré, viré, viré, même viré du Rmi
Viré, viré, viré, même viré du Rmi

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De Marcel Proust, Stendhal, Milan Kundera, Emile Zola... à Paul Beaulier !



Remarque 2013 : Ce serait intéressant qu'en cherchant des nouvelles de Paul Beaulier, d'anciens de Groupama ou du Crédit Mutuel découvrent Stéphane Ternoise, salarié Groupama Arras de 1988 à 1992... sous son nom de naissance, naturellement... Certains sites, dont une "ASSOCIATION DES VICTIMES DU CREDIT MUTUEL" utilisent l'orthographe "Paul Baulier" et expliquent son départ du Crédit Mutuel, avec même le fac-similé d’un extrait des déclarations d’Etienne Pflimlin, président national du Crédit Mutuel, sur la manière dont l'homme a obtenu un très gros chèque...

Place aux premières pages du roman :



A

Il cite Marcel Proust, Stendhal, Milan Kundera, Emile Zola mais aucune référence précise ne lui vient quand il repense à l’instant crucial, au jour où il fut persuadé d’avoir compris l’essentiel : « pour atteindre mon objectif, je devrai tricher encore un peu mais surtout comprendre avant les autres un bouleversement ; tricher et magouiller, au stade amateur, sera rapidement insuffisant ; l’autre alternative étant de me professionnaliser, prendre trop de risques, tenter un de ces coups de poker le plus souvent synonyme de case prison... et ça non ! »
Son objectif : « vivre libre. » Classique. Vivre libre avec la littérature et la nature. Lire, planter des arbres, manger de vrais fruits, jardiner, et pourquoi pas même un jour écrire, raconter. Moins Classique.
A la librairie de Reims, il avait acheté des biographies d’écrivains et son premier mois de chômeur s’est déroulé avec ces livres, dans sa chambre d’enfant, chez sa mère, où il est retourné après « l’accord transactionnel », conclusion voulue définitive
D’une expérience de salarié.

Il a 25 ans, s’abonne au quotidien « le Monde », à l’hebdomadaire « le Nouvel Observateur. » Il se donne deux ans ainsi, pas plus, plus « ce ne serait pas tenable. »
Il a conscience d’un décalage avec « les jeunes de sa génération » : 25 ans est devenu l’âge de la véritable entrée dans la vie active pour un diplômé. Alors il ne côtoiera presque personne durant ces mois. Hormis la coupure du samedi soir, mais il sortira en Belgique ou dans l’Aisne, si loin qu’il n’y croisera jamais personne de son canton.
C’était une transgression des lois de son époque : être cadre, à 25 ans, et ne pas tout faire pour le rester, pour progresser dans « la hiérarchie », accroître son pouvoir d’achat. C’était en 1993.


1

Dire qu’à 25 ans j’étais cadre ! Cadre en informatique même. L’informatique déjà incontournable, début de carrière prometteur, une voie royale, promesse d’une vie aisée, belle voiture, belle maison, vacances, résidence secondaire. Puis ce fut la dégringolade. Déchéance sociale. Viré du grand groupe, la grande famille où l’on entrait normalement pour la vie. Quelques années d’Assedic tranquille et viré de l’ANPE sur ordre de la Direction Départementale du Travail et de la Formation Professionnelle. La deuxième chambre du tribunal administratif de Toulouse n’avait pas encore délibéré de mon appel contre cette radiation, que je perdais mon RMI.
Que se serait-il passé si J.P. Julliere, président, et M.Torelli, F. Perrin, conseillers, avaient, deux ans, quatre mois et dix-neuf jours après l’enregistrement de ma requête, décidé de me réintégrer dans mes droits à l’ANPE donc à l’Allocation de Solidarité Spécifique ?
Et si mon indemnisation avait été vitale, ma radiation dramatique ? Deux ans, monsieur, veuillez patienter. Votre référé n’a pas été jugé recevable, votre dossier n’est donc pas urgent, veuillez patienter et répondre aux questions adressées par voie postale.

Oser me virer du Rmi ! Quelle honte ! Un Conseil Général de gauche en plus ! La machine à exclure est en roue libre...
Viré de quelques histoires d’amour, aussi, forcément : les sentiments résistent rarement à un tel parcours...

Je peux tenir ainsi quelques minutes, broder sur le « grand capital », les conséquences de la mondialisation, l’urgence d’un retour aux préoccupations sociales, la nécessité de produire des statistiques véritables preuves du bien-fondé des mesures gouvernementales...

Parfois je m’invente des contemporains avec lesquels des relations humaines seraient agréables. Et cette modeste présentation déclencherait un fou rire ou un sourire de connivence. Parfois. Mais le plus souvent je préfère sourire vraiment seul. Et vider une bière à la santé des salariés, des ministres, des syndicalistes ; parfois même du Conseil Général ; qui serait peut-être compatissant si j’invoquais un funeste destin de victime en remontant à ma première expulsion d’un mouvement organisé : le club de football de Troisvaux-Belval, dans le Pas-de-Calais, où le fils du président présidait sur le terrain. Monsieur le Conseiller Général, « ancienne gloire cantonale du ballon rond », me procurerait sûrement un emploi communal si j’évoquais, presque larmoyant, « ma détresse », quémandais contre la promesse d’une totale dévotion, de quelques rimes thuriféraires.

Mais ce serait trop difficile, un véritable jeu de scène, intenable, d’entretenir des « relations humaines » au-delà du strict nécessaire. Même avec des êtres exponentiellement plus cultivés. Il est sûrement trop tard : être encore et de nouveau viré ne m’intéresse plus. Le goût n’y est plus : à 25, même 30 ans, je correspondais encore à l’idée que je me faisais de l’insoumission. Oui, il est sûrement trop tard. Même pour l’amour. J’ai 36 ans. Et trop de cheveux m’ont abandonné.

Avec ma mère, au téléphone, un soir, j’ai bien testé ce pathétique speech. Comme c’était tellement prévisible, elle a embrayé sur son invariable couplet refrain « tu vas vivre de quoi ? tu regretteras Groupama. » Même pas un alexandrin ! Parce qu’à Groupama donc, j’étais cadre, le premier enfant du village à décrocher un BTS avait été embauché chez l’assureur des agriculteurs. Voie royale, oui, oui. Ça rabaissait un peu leur clapet aux épouses de conseillers municipaux dont les fils rivalisaient de BEP Agricole en CAP mécanique et les filles de CAP commercial en BEP coiffure.
Dans mon dictionnaire de rimes, avec Groupama y’a que migraine. J’ai souri en retenant au bord des lèvres cette vieille réplique. Inutile de la balancer... ou bien pour voir ? Voir si elle va enchaîner de nouveau « c’est pas des rimes qui vont remplir ton assiette. »
L’assiette : mes arguments culinaires lui semblent loufoques : incompréhensible, cette critique des restaurants alors justement « qu’aller au restaurant » est un signe de réussite. Folie, l’expression « de la merde bien présentée » ! Aujourd’hui, dans mon assiette, la viande provient de ma cour, les légumes du jardin et les fruits des quelques arbres (sûrement mes meilleurs amis après les poules, les pintades, les dindes et les pigeons). Un rmiste peut désormais se nourrir mieux que les princes. Pauvre Premier ministre obligé de croquer une cuisse de poulet industriel pour soutenir la filière aviaire, pauvres politiques condamnés à partager les gargouilles festives pour récolter quelques voix. Ceci est mon message !

Ma soeur avait placé son traditionnel « il retombe toujours sur ses pattes » et raconté sa passionnante journée au service d’une PME familiale où la secrétaire est une forme de bonne, une boniche quoi.
Bien sûr, c’était « pour changer de sujet » : si elle croyait vraiment qu’on finit toujours par s’en sortir, elle aussi, elle changerait de région, de vie, d’alimentation, d’écharpe, de chien.

Mais quand le compteur de son téléphone atteignit 57 minutes, la vieille (j’appelle ainsi ma mère) n’a pu éviter de revenir à la charge « Alors, ils ne te donnent plus rien ? » Plus un centime, tout part dans les notes de frais du Conseil Général !
« Bon, on raccroche, sinon ça va nous coûter cher » (ma soeur). Gloire à l’opérateur portugais Uvtel : une heure de communication, c’est dix centimes d’euro. Avec France-Telecom, en 1995, une minute, trois francs ; et ils vantaient ce tarif ! J’ai ainsi chaque semaine une heure de dialogue familial, le reste du temps le téléphone est sur répondeur. Avec deux minutes d’une voix la plus monocorde possible, chargée de décourager tout contact en renvoyant vers un site internet dont l’adresse n’est naturellement pas communiquée.

Finalement, avec ma mère aussi, je préfère imaginer sa réaction. Fils indigne, parti dans le sud-ouest pour vivre la misère, contemporain infréquentable. Trop imprégné de Pascal. Pascal, les pensées de Blaise Pascal, dont une seule m’est restée. Mais elle a métamorphosé ma vie :
Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.
Ma justification philosophique ! Je suis même parti dans le Lot avec ces ailes.

Faut être malade de gâcher sa carrière et sa vie, à cause d’un type pareil ! J’ai dû l’entendre cette remarque. Hypothèse préférable : je l’ai inventée. Ou alors, c’est Aurélie, dernière compagne longue durée, en claquant la porte lors d’une de ses menaces de rupture enfin, un jour, mise à exécution. Je n’ai jamais su larguer, j’ai toujours préféré être viré. Etre viré présente de nombreux avantages. En amour aussi.


2

Leur regard est expressif : « c’est un bon à rien. » Dans certains quartiers, le terme « looser » servirait, ici, à la campagne, les vieilles expressions subsistent. J’ai grandi ici, leurs regards, je sais les transformer en paroles :
Ça lui apprendra de s’être cru important, avec sa 205 XS noire et sa princesse. Elle a compris, elle l’a largué. Un bon à rien, je l’ai toujours dit. A Groupama ils s’en sont bien aperçus. C’est un lointain cousin de sa mère qui l’avait fait entrer, maintenant tout le monde le sait. Maintenant plus personne l’embauchera, même à la conserverie ils n’en voudraient pas. Avec ses longs crins ! Il est revenu manger le peu qu’il reste chez sa mère. Je vous dis que ça finira mal, cette histoire. Ça m’étonnerait pas qu’il finisse truand... il finira en prison, je te le dis...

Sentiment de satisfaction au village. Gâché par ma mère, tenant à son honneur d’avoir un fils cadre et colportant la grande nouvelle familiale : « il n’est pas parti sans rien... et ce qu’il touche des assedic, ils sont pas nombreux à le gagner en travaillant... alors il n’est pas pressé... ». Pan sur leur bec.

Je ne m’en mêle pas : je ne suis pas là pour rester. Et si la vie est logique, vous serez au cimetière quand je raconterai. Encore aujourd’hui, quand je me les représente, je vois des cadavres. Les imaginer morts, c’était alors mon arme d’autodéfense ; je ne pouvais concevoir que la vie s’attarde bien longtemps dans des êtres tellement nuisibles.
Quelques mois plus tôt, Angélique m’avait raconté des ragots, elle en souriait, elle savait leurs intentions et je savais qu’un jour ça arriverait, alors je souriais aussi. Je savais qu’elle me quitterait. Mais pour une autre raison : cette rupture était indispensable : elle ne serait jamais partie loin de là, elle était de là, et je me sentais d’ailleurs. Elle serait partie à une centaine de kilomètres pour raisons professionnelles mais pas pour des raisons essentielles, existentielles. Alors je vivais pleinement cette aventure qu’elle prétendait croire « éternelle. » Alors je prétendais aussi la croire « éternelle. » C’était indispensable : il aurait été absurde de gâcher par excès de lucidité les quelques mois qui nous restaient.


3

- Si t’es pas content de ton sort, tu démissionnes mais tu ne nous emmerdes pas !

Au moins c’est clair ! Groupama n’est pas connu pour licencier !
Heureusement... Paul Beaulier voit ses rêves de grandeur contrariés, le Crédit Mutuel national et Groupama national reprennent le pouvoir dans le Pas-de-Calais, finie l’union « contre nature » entre les deux entités, ailleurs concurrentes.

Groupama se régionalise... j’accepte une « mutation géographique » à Reims, au Centre Informatique Inter Régional de la Mutualité Agricole, récompensée d’une prime de « mobilité / installation » de 60 000 francs... mais Arras peine tellement à réussir sa migration informatique qu’il m’est demandé d’y rester quelques jours par semaine... Période faste où les frais de déplacement sont payés par Groupama Reims de manière automatique... chaque semaine les kilomètres augmentent...

Je trouve le meilleur moyen de faire durer le plaisir : un aimant. Simplement le passer sur la bande magnétique destinée au futur centre régional. Le chef va même une fois en personne la conduire à Reims : elle est illisible : quelques secondes m’avaient suffi, celles de son crochet aux toilettes. Si cette bande n’avait pas été posée quelques minutes sur son bureau, je perdais sûrement six semaines de bon temps : il fallut redéfinir « les protocoles ». Réunion au sommet !
Je répète : mais si, on va s’en sortir. Je demanderai finalement une prime pour contrat rempli, grand investissement dans ce défi ! Obtenue. C’est déjà ça.


4

- Continuer, c’est impossible ! Je me lève le matin à heure fixe et je suis déjà pressé.
- Comme moi.
- Je n’ai même pas le temps de profiter des réflexions de Philippe Meyer.
- Il ne sait que critiquer !
- Je passe les journées dans des dossiers ou des programmes.
- Presque comme moi.
- Je rentre le soir crevé.
- Comme moi.
- J’ai juste la force de regarder la télé en mangeant une boîte.
- Comme moi. Et en plus, moi, je dois l’ouvrir la boîte et nous la faire chauffer.
- Et dans dix ans, la seule différence ce sera une maison individuelle en quartier résidentiel plutôt que cet appartement ?
- Ce serait déjà pas mal.
- Une vie comme ça, c’est une mort anticipée.
- T’es vraiment difficile, parfois. T’as pourtant un super salaire.
- T’es vraiment conne.
Ce sera la dernière dispute. Je l’ai bien cherchée ! Ouf ! Elle me vire. Enfin, elle part, l’appartement étant à mon nom.
Quelques soirs plus tôt, j’avais écrit : Je sens qu’on s’enlise / Avant de remplir mes valises / Je te surnomme Lise / Oh ma lise, on s’enlise.


5

Qu’il est difficile, en France, de sortir du bureau une dernière fois, avec un chèque de 174 950, 54 francs.
Dont 134 000 francs en « indemnité transactionnelle. » Dérisoire certes, comparé aux chiffres susurrés quand Paul Beaulier est débarqué de Groupama / Crédit Mutuel. Mais il avait la soixantaine et moi vingt-cinq ans.
Avec aussi le droit d’entrer aux Assedic.

A part un beau voyage, tu peux rien faire avec ça !

Impossible d’acheter un appartement à Reims. Sans regret : vivre dans cette ville serait impossible.
[- Mais tu y as vécu presque deux ans, à Reims !
- Je ne vivais pas, j’hibernais, en tenant grâce à la perspective de la retraite à 25 ans. ]
Peut-être subsiste-t-il encore, en France, un coin paumé où les maisons se vendent une bouchée de pain « parce qu’il n’y a pas d’usine. » Intuition.



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-- le 25 décembre 2013 vers 14 heures
de note : Le Paul Beaulier personnage réel dans ce roman récit... on le retrouve à la rubrique auteur ! Certes il ne doit pas avoir besoin de ses droits d'auteur pour vivre !
Paul Beaulier chez l'Harmattan. Etonnant qu'un homme avec tant de relations n'ait pas trouvé plus haut ! Il aurait dû publier au temps de sa puissance nordique.

Paul Beaulier aurait la une passion de l'écriture !
Paul Beaulier aurait publié 4 ouvrages.
Chez l'Harmattan l'histoire d'une Lorraine éprise d'indépendance pendant l'occupation allemande au dix-neuvième. Donc ce n'est pas Aurélie F.
Il semble considéré comme un connaisseur éclairé en vin et aurait ensuite écrit deux livres sur le vin et la dégustation...
4 eme : Chemin de femmes... dont je n'ai pas suivi le résumé... aux Editions Pépites....

Comme c'est drôle, lui qui ne s'est pas intéressé aux débuts de romancier de Ternoise !

-- le 24 mai 2013 vers 20 heures
de Clémentine : comme l'écrivain nigérian Chinua Achebe des milliers d'admirateurs se rassembleront pour vous rendre un dernier hommage...


page suivante : un placard doré payé à rien faire tentant convention collective salaire


- Des gens comme ça... on en voit sur les sites derencontres gratuites !!!

 Un Amour béton
Sortie : 22 mai 2013.

Un Amour béton

Présentation.

Sur le forum écrivain du 21 avril 2020 : Le romancier engagé dans la compréhension de la crise coronavirus.

Avant : livres et cd en (note : soldes du romancier Ternoise ). Et acheter les livres (note : du romancier existent également en papier ) .